← Retour Publié le

Comment vaincre la trahison, chapitre 4

En abordant la question de la trahison, je suis conscient de mettre le pied dans un champ très vaste. C’est aussi pour cela qu’il m’a paru important de définir mon angle d’attaque au préalable et c’est ce que je me suis évertué à faire dans les trois (03) premiers chapitres.

Aujourd’hui il me semble que je n’ai pas suffisamment évoqué la question du « pourquoi » et celle des conséquences de la trahison. Aussi j’ai souvent pensé que cela était d’une évidence intemporelle si bien que tous, nous n’avons besoin de rappel de la part de personne. Pourtant !

La haine

Autant le charbon alimente le feu, la haine entretient la trahison. Sans la haine, la trahison s’éteint aussitôt. Il faut aller de l’idée que la jalousie, la convoitise, l’égocentrisme, le complexe de supériorité sont tous des sous-composants de la haine. Ces choses-là, si elles sont manifestées par un individu, les dégâts peuvent paraître moindres que lorsque qu’elles le sont par tout une communauté. Je vous invite à réfléchir sur le génocide arméniens ou encore, plus proche de nous (tant par la distance, tant l’histoire), le cas du Rwanda. C’est vrai que la seule haine ne saurait être la cause d’un tel évènement malheureux. Pour aller plus loin : https://www.youtube.com/watch?v=VCfjB7hiO-4

La société fonctionne comme un individu. C’est simple : ce qui conduit une personne à trahir son semblable est transposable à l’échelle des communautés. Une personne se sentant méprisée, opprimée, développe des dispositions à trahir le fort afin de s’affirmer. Être un groupe minoritaire au sein d’une société n’est pas en soi un problème. Le vrai problème vient du fait qu’un groupe se sente minoré. Je me dois malheureusement de museler ma plume sur le cas du Burkina Faso, ne serait-ce que pour l’instant. Mon objectif principal est de m’adresser pour l’instant à l’individu.

La haine est non seulement une cause mais aussi une conséquence de la trahison. Puisque sans haine, il n’y a pas de vengeance.

Savez-vous que le traitre ne souffre pas, fut-il en apparence, autant que la victime ? C’est celui qui se sent trahi qui se meurt. C’est pourquoi il faut trouver les moyens de se relever de la trahison, quelle qu’elle soit !

Chapitre 4 : 07 étapes pour vaincre la trahison

« Si la trahison n'a pas accru la simplicité, la confiance plus haute, l'étendue de l'amour, on vous aura trahi bien inutilement, et vous pourrez vous dire qu'il n'est rien arrivé. »

Maurice Maeterlinck

Je voudrais illustrer cette partie par un exemple bien concret. Je suis un grand fan des étalons du Burkina Faso (l’équipe nationale de football). J’ai remarqué une chose concernant cette équipe. Quand l’équipe est menée lors d’un match, c’est rare qu’elle puisse inverser cette situation et gagner ce match. Je me suis alors demandé si cela n’avait rien avoir avec le mental, la culture… Beaucoup de gens autour de moi sont ainsi. Nombreux sont ceux qui passent des années à se lamenter sur le mal que les autres leur ont fait. La cause de leur ruine provient des autres. Mais ce qu’ils oublient, c’est qu’on peut rebâtir sur des ruines (antiques). Quint ne dit-il pas que la souffrance nous affecte moins que l’idée de la souffrance ? Allez-vous enfin sortir de ces décombres et rebâtir votre vie ?

De la parole à l'acte il y a un long chemin (Del dicho al hecho, hay mucho trecho). C’est pour cette raison que ce livre sera accompagné d’un cahier d’exercice. Je vous conduirai pas à pas pour que vous retrouviez de nouveau le sourire de voir votre vie en rose.

Etape 1 : La confession

Vous devez trouver nécessairement quelqu’un à qui raconter ce qui vous est arrivé. Ne soyez pas trop orgueilleux ou trop fiers de vous-mêmes pour ne le dire à personne. Il est évident que tout le monde ne peut pas nous trahir à la fois. Il y a toujours quelqu’un pour nous écouter. Par exemple quand j’ai été trahi par mon meilleur ami, j’en ai parlé à des collègues de service avec qui je partage des fois un café. J’en ai parlé aussi à un grand-frère. Dans ces cas de figure, si vous tenez à en parler à un membre de votre famille, je vous conseille de vous adresser à votre maman ou à votre papa. Avec les frères ou sœurs, c’est un peu plus compliqué. Ils ont souvent tendance à vous accusez, à vous culpabiliser d’abord avant de vous encourager ou vous conseiller. Ils vous accusent par exemple d’avoir trop fait confiance à quelqu’un qui n’est ni un frère, ni un parent. La situation s’envenime lorsque cette personne est d’une autre culture ou d’une autre religion. Vous devez vous libérer en racontant à une ou plusieurs personnes votre calvaire. Tout compte fait, cela vous permettra de ne pas prendre une décision à la hâte ou irréversible. Quand vous garder le chagrin pour vous seuls, cela ne peut pas vous aider. Trouvez quelqu’un qui peut vous écouter déverser votre colère ou votre chagrin. Quand vous trouvez ce « confident », parlez sans retenue, criez sur lui comme s’il avait été celui-là qui vous a trahis.

Etape 2 : La distraction

Quand on parle de distraction, les gens ont sûrement en tête, aller faire la fête, aller en discothèque ou autres endroits semblables. Ce n’est pas forcément le cas. Certaines personnes n’apprécient pas trop le boucan et aiment le calme quand elles veulent se distraire. Avant votre déception, quelle est la chose que vous trouviez distrayante ? Allez, faites-le maintenant ! C’est surtout le moment de ne pas rester seul. Il est souvent difficile de se distraire seul. Généralement il faut peu de choses pour se laisser distraire : la musique (aux paroles comiques), des films qui ne font pas réfléchir, le théâtre, en somme rechercher le rire. Jouez et amusez-vous tel un gamin. La distraction est un moyen de faire son deuil. Autrefois on ne comprenait pas les Africains quand ils faisaient la fête lors du décès de certaines personnes chères. Eh bien cela aide à amortir la douleur. La réjouissance peut fortement contribuer à apaiser votre douleur. Cependant je conseille aux gens de ne pas s’empêcher de pleurer (même si c’est en cachette. Moi je me retire dans un parc ou dans une petite forêt pour le faire). Faites votre deuil mais n’excéder pas une semaine dans la distraction ou dans les larmes. Un collègue m’a confessé que pour se déstresser, il allait dans les ‘chambres closes’. Je vous le déconseille fortement. Cela va contribuer à vous dévaloriser. C’est un peu comparable à l’effet de l’alcool. Pendant que vous êtes sous l’effet de l’alcool, vous avez tendance à oublier le problème mais dès que l’effet s’en va, vous voilà seuls face à votre souci. C’est exactement pareil avec les ‘chambres noires’. Procurez-vous le maximum de plaisir possible mais ne mettez pas la morale entre parenthèses !

Je classe dans cette étape le sport en admettant que tout le monde ne peut pas se distraire comme je viens de le décrire. Cependant tout le monde peut faire du sport. Le sport est un très bon remède contre le stress et l’enlisement. Aux Etats-Unis d’Amérique, plusieurs services de santé prescrivent déjà le sport comme un vrai médicament : 45 minutes/03 fois par semaine pendant 10 semaines.

Les psychologues disent qu’en marchant d’une façon rapide pendant 6 minutes, on augmente déjà sa bonne humeur de 30%. L’idéal est de faire du sport en groupe mais aussi au dehors. Vous pourrez ainsi profiter de l’air, du vent, de la nature… Alors vous pouvez vous distraire et/ou faire du sport.

Etape 3 : La valorisation de sa personne

C’est ce que j’appelle l’orgueil positif. Donnez-vous de la valeur. Donnez de l’estime à votre personne. Ne donnez pas l’air de faire pitié. Repensez à vos qualités et valorisez-les. Valoriser votre personne vous permettra d’éviter d’admettre l’idée de la défaite qu’on vous inflige. Celui qui vous a trahi vous a en quelque sorte mis à terre. Du coup, vous avez perdu en valeur par rapport à lui. Si vous ne prenez garde, vous allez mépriser vos qualités. C’est le moment pour vous de voir le positif dans votre vie. Considérez les choses les plus utiles en vous. Dites-vous que vous êtes mille fois mieux que cette personne qui vous a trahis. Evitez de vous attarder sur vos faiblesses. Quand on est abusé, on se dit c’est parce qu’on a été trop naïf, idiot, bête… Mais à trop y réfléchir on se dira qu’il n’y a plus rien de bon ou de positif en soi. Sortez de cette acrimonie !

Attention ! Cela n’a rien avoir avec l’idée de la vengeance ! L’écart est certes très mince mais il y a pourtant une différence nette. L’idée de la vengeance vous conduit à trouver des voies et moyens pour rendre doublement (voire plus) à l’adversaire le mal qu’il vous a fait. Or l’orgueil positif dont je parle ici consiste à trouver les voies et moyens pour devenir meilleur que celui qui nous a fait du mal. Ce point est intimement lié au point suivant.

Etape 4 : Les projets (pensez à vos projets/projetez-vous dans le futur)

« Faut-il trahir son idéal parce qu'on s'aperçoit qu'on ne peut pas en vivre ? »

Vilhelm Ekelund

Je répondrais : NON ! Vous ne devez pas trahir votre idéal sous prétexte qu’il y a trop de trahisons. Vous devez poursuivre votre idéal et l’atteindre. La trahison ne doit pas être pour vous une excuse. Prenez-la plutôt comme un défi à relever. Il est inconcevable de trouver des personnes qui n’ont aucune vision, qui ne pensent pas à devenir meilleures. Quand on est trahi par un(e) ami(e), un(e) parent(e) ou quelqu’un d’autre on a tendance à croire que tout est foutu pour nous. Non, ne pensez pas ainsi ! Tout n’est pas foutu. Dites-vous que vos projets, vous les réaliserez peu importe avec qui ce sera. Cette personne qui vous a abandonnés en si bon chemin n’est pas pour vous l’unique et seule personne capable de vous aider à vous accomplir. J’ai prévu de devenir chef d’entreprise, ce ne sera pas par la volonté d’un homme que je n’atteindrai pas cet objectif. Dites-vous en ce moment que votre réussite ne dépend pas de la volonté d’un homme. Dites-vous que vous êtes le maitre de votre vie, et que vous serez la personne que vous voulez être. A quelque chose malheur n’est-il pas bon ? Il fallait certainement se séparer de ce ‘traitre’ pour pouvoir vous accomplir pleinement. Vous pouvez être déçus et découragés mais prenez du temps et réfléchissez à votre vie. Entrez en vous-même et trouvez la force de rester en vie. Pensez à l’essence de votre vie, pensez à votre credo. Vous pouvez penser que votre vision du monde est biaisée mais ne la remettez pas en cause pourtant.

L’un des sentiments les plus destructeurs de la trahison, c’est d’avoir envie de rien. On devient improductif parce que trop pensif. C’est le moment de travailler efficacement. Il est utile de prendre 2 à 3 jours de congé (tout dépend de l’ampleur de la trahison) pour vous reposer mais ne n’excédez pas ce temps. Après votre petit congé, concentrez-vous sur votre boulot. Soyez le meilleur dans votre domaine.

Etape 5 : Reconnaître sa responsabilité

Prenez également du temps pour penser à ce qui s’est produit. En quoi êtes-vous en partie responsable de ce qui s’est passé ? Beaucoup d’entre nous pensent toujours que seuls les autres sont coupables de tout. Nous avons aussi une part de responsabilité. Et nous ne saurons déceler cela tant que nous ne manifestons pas un peu d’humilité. Soyez humbles, et admettez vos manquements. Après cela vous pourrez voir comment ne plus tomber dans le même piège. De même vous pourrez savoir si vous avez étés vraiment sincères dans cette affaire. Je pense que reconnaitre et admettre sa part de responsabilité dans une affaire est en soi un début de solution.

Etape 6 : La maitrise de soi

Vous devez, après tout ceci, maitriser vos émotions, vos impulsions. Ayez de la retenue dans vos actes. C’est pourquoi vous devez éviter de rencontrer (tant que possible) la/les personne(s) qui vous a/ont fait ce mal. Eviter de leur parler dans l’immédiat car cela pourrait attiser toute votre haine à leur égard. Souvent lorsque la personne a fauté d’une manière inconsciente, elle voudra vous voir pour vous présenter ses excuses. Si vous sentez en vous que vous n’êtes pas encore prêts pour des explications ou des excuses, refusez l’entretien. La plupart du temps, beaucoup d’entre nous prennent des décisions qu’ils auront à regretter plus tard. Si vous passez du temps avec des amis qui sont au courant de votre problème, cela pourrait être un remède.

Etape 7 : Le pardon

J’avoue que c’est la partie la plus difficile. Nous avons achevé de construire notre maison, il reste à poser le toit. Beaucoup de gens échouent à ce niveau. Je dirais que de nos jours beaucoup de gens habitent dans des maisons inachevées. Le pardon n’est certes pas une chose aisée, mais pas impossible. Emmanuelle Comtesse, Psychologue Clinicienne, pense que l’attitude du pardon peut dépendre de différents facteurs, à commencer par celui de la nature et de la densité du lien qui unissait les deux partenaires. Le pardon pour moi est différent de l’oubli. Ne chercher pas à oublier la trahison. Vous pouvez pardonnez sans délai mais cela ne signifie pas que vous êtes guéris. Vous pouvez dire que vous pardonnez à votre ‘traitre’ mais vous en parler toujours avec amertume. Quand vous pardonnez, vous aurez tout de même besoin de temps pour laisser la plaie se cicatriser. Evitez surtout la vengeance. Comme le dit un proverbe portugais :

« Le malheur d'autrui ne guérit pas une peine »

Se venger, infliger une douleur à votre « traitre » sous prétexte que cela l’apprendra désormais à duper les autres, ne vous guérit pas nécessairement. Quand on est obsédé par cette idée de se venger, on croit fermement que sa peine s’en ira une fois la vengeance accomplie. Ce n’est pas du tout vrai à mon humble avis. La vengeance revêt parfois le caractère de devoir défendre son honneur. Or, celui qui dit vouloir défendre son honneur veut paraître tout simplement aux yeux de la société. Il voudrait qu’on l’apprécie. Il voudrait laver l’affront. Mais cette appréciation ne guérit pas forcément.

Je vous ai dit un peu plus haut comment j’ai été triste de vivre l’abandon de mon meilleur ami. A l’heure où je termine se livre, je l’ai appelé pour lui dire que je pardonne toutes ses offenses, et ce sans qu’il m’ait demandé de les lui pardonner. Je crois fermement que c’est la meilleure attitude que je devrais avoir afin de pouvoir vivre en harmonie avec moi-même. Je reconnais que cela n’a pas été sans douleur. Mais cela en valait la peine. Cela m’a permis de « passer l’éponge » sur un évènement très douloureux qui ne cessait de me renvoyer dans le passé. Le problème véritable du manque de pardon est que vous vivrez deux vies (le passé et le présent) et ce d’une façon simultanée. Croyez-moi, cela est très pénible !

Comment faire ?

  1. Prenez la décision de lui pardonner. Cette attitude n’est pas une faiblesse.
  2.  Dites-vous que ce qui est arrivé est pour vous donner de l’énergie vitale
  3.  Dites-vous que son malheur ne ferait pas forcement votre joie.
  4.  Dites-vous que votre bonheur ne dépend pas de cette personne.
  5.  Dites-vous que vous avez votre part de responsabilité dans cette affaire.
  6. 6. Dites-vous que si la relation était à revivre vous sauriez déjouer tous ses plans.
  7. Dites-vous que cette personne est malheureuse parce qu’ignorante.

👍 Ce qu’il faut faire

👎 Ce qu’il ne faut pas faire

  1. En parler à des amis/à la famille
  2. Se distraire
  3. Valoriser sa propre personne (l’orgueil positif)
  4. Penser à ses projets (projetez-vous dans le futur)
  5.  Reconnaître sa part de responsabilité
  6. Avoir de la retenue dans ses actes
  7. Pardonner
  1. S’isoler
  2.  Envisager une vengeance
  3.  Accepter la défaite
  4.  Rencontrer/discuter avec la/les personnes qui vous a/ont fait du mal
  5.  Décider à la hâte
  6.  Rejeter la faute sur les autres
  7.  La rancœur


    © 2022-Abdou Nebié